Les sinistres contes

Quand un nouvel album vous arrive dans les mains, il se passe toujours un peu le même rituel. Pour commencer, vous prenez le temps de vous en saisir, de l'observer puis, plus ou moins délicatement, vous retirez l'opercule. C'est alors, que comme un roman, il s'ouvre et se laisse découvrir, apprécier. C'est d'abord l'esthétique d'un artwork, d'un livret, une douce mise en bouche qui vous donne simplement l'envie d'en savoir plus. Les paroles sont parcourues d'un premier regard puis l'objet circulaire atterrit directement dans un quelconque lecteur et vous dévoile enfin ses secrets, ses richesses...

Il était une fois, Showguns et l'histoire de ses Sinistres Contes.

Après avoir vécu et fait aboutir plusieurs projets, l'artiste, nivernais d'adoption, vient nous offrir un voyage en dix chapitres. Ne vous fiez pas à l'apparente simplicité des titres. Parfois un simple mot signifie bien plus qu'un long discours. Chaque composition vous transportera alors dans une aventure émotionnelle forte, personnelle, parfois poignante (Mon Bonheur) et votre sensibilité pourrait bien être mise à rude épreuve...

La richesse de cet album à travers ses sonorités, le choix des instruments, des mélodies en font une réalisation complexe. Inutile de chercher à en décortiquer les moindres détails ou d'essayer de puiser l'essence de son contenu, ce genre d'analyses n'aurait pas le moindre intérêt.
Showguns semble plutôt être là pour nous interpeller, nous toucher, nous provoquer (Dois-je avoir honte) et nous faire réagir. Cette ode à la mémoire qui ouvre l'album nous rappelle que sans elle nous ne serions pas grand chose, seulement de simples coquilles vides. La mémoire nous construit, nous définit et dans le cadre de ces Sinistres Contes, elle est là pour inspirer et permettre de raconter. Par la poésie, la plume aide à se libérer de ses démons, des tourments qui hantent et bouleversent chaque âme humaine. Elle permet de parler de ces tranches de vie que l'on connaît ou que l'on soupçonne d'exister.

Vous l'aurez sans doute maintenant compris, Les Sinistres Contes ne respirent pas l'optimisme mais c'est ce qui en fait leur puissance, leur force et leur magie. Cette sombre et parfois violente atmosphère qui se dégage de ce disque ne pourra pas vous laisser insensibles. Mais, n'ayez pas peur, ne restez pas là à observer, prenez plutôt le temps d'écouter jusqu'au bout et de vous imprégner des torrents de cet imaginaire oh combien inspiré !

Isa, pour 'la scène bourguignonne'